Entre art et mort, il n’y a qu’un pas… Percez les dogmes et apportez à tous la lumière de la vérité.
Merci à Xbox Canada qui nous a gratuitement fourni une copie du jeu afin d’en faire la couverture médiatique et le test. L’éditeur/développeur nous autorise par conséquent à diffuser et/ou utiliser des extraits du jeu pour nos besoins de production et n’intervient d’aucune façon dans l’attribution de la note finale. #Article13Free
L’étonnante surprise de fin d’année
Les amateurs d’Agatha Christie et les passionnés d’histoire médiévale peuvent être ravis ! Il est bien rare que le monde vidéoludique réunisse les deux passions. Mais il est évident que Pentiment fait partie d’eux. Décalé, original dans le fond comme dans la forme, le titre, réalisé par Obsidian Entertainment, propose ses mystères depuis mi-novembre sur PC et les systèmes Xbox.
Nous partons loin, vers une époque charnière entre deux mondes. Un monde obscurci par l’ignorance, les dogmes et la rigidité, et un monde nouveau qui est en train de naitre de la Réforme, éclairé par l’art et les nouvelles pensées.
Un voyage vers un lointain passé
Ainsi, nous voyageons à cette période dite de la Renaissance, en Bavière, dans un village écrasé d’impôts par une abbaye énigmatique où la théologie chrétienne vient se frotter avec le paganisme. Un grand mystère vient de pétrifier ce monde clos : le meurtre d’un noble en visite sur la seigneurie.
Vous êtes Andreas, Andréas Maler. Artiste aux allures d’un Leonard de Vinci dans son étincelante jeunesse, vous avez été accueilli dans le scriptorium pour apprendre et vous enrichir du savoir-faire des moines copistes. Néanmoins vous vivez parmi les autres… les manants, les villageois exploités par ces mêmes moines.
Cette société, où l’injustice règne sans fin, donne le dur labeur au plus grand nombre et son fruit à un tout petit nombre de privilégiés. Les taxes sont lourdes, les seigneurs sont impitoyables et la vie est rude. Andreas est lui-même un privilégié : il a accès au savoir. Véritable électron libre, point de liaison entre l’abbaye et le monde rural, il pourra échanger assez facilement avec l’ensemble des protagonistes pour dénouer le mystère autour du meurtre et conduire ce petit univers vers le chemin de la vérité.
Surprenant de forme et de fond
Si le titre se révèle tout à fait original et stimulant dans son scenario, le jeu n’a rien oublié non plus sur la forme. Le visuel surprend et essaie de nous faire transporter vers cette époque avec un style crayonné tout droit sorti des enluminures du « Livres des merveilles » ! Un visuel charmant qui ne rencontrera aucune difficulté pour nous séduire tant les personnages et les lieux bucoliques ont été traités avec soin. Que ce soient les nones, les curieux moines ou les habitants presque révoltés du village, tous ont une personnalité marquée à découvrir et des attitudes qui en disent long sur leur être.
Les dialogues sont aussi révélateurs de la place dans la société de chacun, point important dans ce monde médiéval moribond. Aussi, les polices des dialogues ont été réalisées avec astuces pour nous montrer si la personne roule les « R » façon d’un pecnot bourguignon ou si l’individu a réalisé son Trivium à l’école scolastique de Paris ! Dans le premier cas, la police sera hasardeuse ou maladroite et, dans l’autre, l’écriture sera plus ordonnée, gothique, rigide.
La partie sonore n’est pas en reste. Une musique d’abord qui a eu la bonne idée de rester dans le ton. La musique ancienne rappellera les magnifiques motets de Guillaume Dufay ou les ballades romantiques de Clement Janequin ou de Josquin Des Pres. Hélas, ces partitions sont trop peu nombreuses pour nous renverser. L’ambiance musicale ne parvient pas tout à fait à nous plonger dans cette ambiance que l’on touche seulement du doigt comme dans une fresque de Michel-Ange.
Heureusement l’ambiance sonore est bien présente. Peu importe l’endroit où vous vous trouvez, en forêt, dans l’antre de l’Église, l’expérience sonore est tout à fait saisissante. Il est donc recommandé de jouer (ou plutôt d’enquêter) avec un casque sur la tête.
Umberto Eco n’est pas loin…
Presque emporté par le charme champêtre des lieux, on revient toutefois vite sur ce qui nous intéresse vraiment : l’assassinat du baron, bienfaiteur d’une abbaye en déclin. Dans ce cadre énigmatique et presque impénétrable du cloître, cette ambiance, tiré du « Le Nom de la Rose » d’Umberto Eco, nous parait pour le moins stimulant. Plus excitant encore, un meurtrier a déjà été identifié par les doigts accusateurs souhaitant sacrifier, au nom de la renommée, un pauvre bougre exténué par une vie d’écriture… Alors, notre Andreas, vous en sommes, allez devoir être subtile. Subtile, pour ne pas froisser l’abbé qui vous a accueilli et qui vous fait confiance. Mais aussi suffisamment rusé pour glaner les secrets du village. Vous devrez être habile aussi, diplomate, condition indispensable pour rassembler les morceaux de vérité qui permettront d’éclairer cet évènement tragique.
Nous ne sommes pas aux commandes d’un pointer-cliquer traditionnel. Ici, ce ne sont pas les objets qui dominent le titre, mais bien les dialogues qui sont à maitriser. Tout l’intérêt et l’essentiel du travail par les « moines » d’Obsidians Entertainment se sont portés sur ces écritures. Et l’effort, disons-le franchement, est très convainquant voire impressionnant. Il existe une multiplicité de combinaisons, de choix, qui vous guideront et modifieront le scenario complexe de cette histoire.
Les voix de la ruse, de l’honnêteté et de la raison vous tourmenteront le plus souvent dans les choix qui transformera l’histoire de manière permanente. C’est donc ce que vous êtes qui fera le jeu.
Au plaisir des mots
Au-delà de ces échafaudages sans fin des dialogues, il y a aussi le choix de votre cursus et de votre profil. Andreas « vient de la ville » avec son orgueil et a été étudiant ; mais c’est vous qui choisissez sa future carrière. De ce fait, un éventail de possibilités s’offrira à vous tel que la médecine, le droit ou la théologie. Ce cursus vous collera à la peau, vous aidera et vous influencera tout au long de votre avancée. Il y a donc plusieurs chemins de rejouabilité.
Les énigmes sont également présentes durant l’aventure, éparpillées, et seulement résolubles non sans avoir beaucoup dialogué et par conséquent, beaucoup lu. Oui, c’est un jeu où il faut lire constamment. C’est de là qu’il se dégustera ou… ennuiera ! En effet, les nombreux dialogues, parfois très longs, entraineront chez certains (peu habitués) de cliquer plus que de raison pour avancer. Le risque ? Simplement de passer à côté de la vraie saveur du jeu : la joute des mots.
C’est là son principal défaut qui n’en sera évidemment pas un pour tout le monde. Ce n’est pas un jeu de phrases rapides, et d’action comme dans un pointer-cliquer habituel. La lecture, la contemplation, l’analyse et la réflexion (la dialectique) sont ici les qualités qu’il faut être capable de toucher.
Une repentance convaincante
En dépit de son phénoménal composant « écrit » qui ne plaira pas à tous, le jeu parait presque irréprochable. Hormis une absence trop fréquente des musiques qui aurait pu étoffer davantage encore le plaisir procuré, nous ne voyons pas vraiment où le jeu pêche. Efficace, poétique, passionnant pour certains seulement, le jeu est incontestablement une révélation de cette fin d’année pour nombre de passionnés. Amen !
Verdict
Pour connaitre les critères de notre système de notation, visitez cette page.
Prenez note que la version testée est celle sur PC. Le jeu est aussi disponible sur Xbox Series, Xbox One et gratuit sur Game Pass.
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