Studio: Blazing Griffin | Éditeur: Microïds | Parution: 17 octobre 2024 | Genre: Pointer Cliquer | ESRB: E (Tous) | Disponibilité: PC | Plateforme(s): PC, PS5, PS4, XBS, XBO, Switch | Format(s): Numérique | Langue(s): Français écrit | Durée: NC | Prix: 39,99$ CAN / 29,99€
Vivez une vie du légendaire Arsène Lupin, voleur un jour… voleur toujours!
Merci à Blazing Griffin et Microïds qui nous ont gratuitement fourni une copie du jeu afin d’en faire la couverture médiatique et le test. L’éditeur/développeur nous autorise par conséquent à diffuser et/ou utiliser des extraits du jeu pour nos besoins de production et n’intervient d’aucune façon dans l’attribution de la note finale.
Un personnage trop oublié
Trop souvent notre monde se concentre sur les mêmes personnages, des héros souvent américains. De même, les jeux ne nous épargnent pas cette restriction culturelle. Et pourtant des héros il y en a dans chaque culture et le moindre que l’on puisse dire c’est que notre monde francophone, poids lourd de la littérature, n’en manque pas. Mais qui se rappelle dans les jeux vidéos des univers fantastiques de Jules Vernes, des personnages truculents et héros de Gaston Leroux et… de Maurice Leblanc?
Cela tombe bien car Microïds fait l’effort de mettre en avant un personnage romanesque qui mérite d’être connu, pour peu que l’on apprécie la littérature : Arsène Lupin. Pour réaliser une nouvelle aventure du voleur mégalomane, l’éditeur français s’est librement inspiré des 17 romans de notre “A. Conan Doyle nationale” : le grand Maurice Leblanc.
Des histoires au coin du feu
Microïds a tenté une approche assez originale pour son inspiration. Arsène Lupin et Maurice Leblanc se retrouvent dans un salon imaginaire, assis cote à cote dans leur fauteuil douillet, évoquant le passé. Ces discutions tardives parlent des grands moments du héros et de sa jeunesse pour le moins pittoresque. Et il y en a dire : les joyaux de la couronne de France dans l’aiguille d’Etretat c’est lui, son face à face avec Sherlock… heu… Herlock Sholmes aussi. Entre autres…
Mais l’éditeur français ne s’arrête pas là. Au lieu de réaliser un jeu polarisé sur le seul contrôle d’Arsène, Microïds vous proposera de mettre en scène des personnages autour du voleur en fonction de l’avancée des curieux dialogues entre Maurice et son héros. De ces échanges, viendront des personnages qui vous feront revivre la même histoire sous un autre angle de vue. Pas bête! Par exemple, parfois vous contrôlerez Arsène et lorsque vous aurez réussi la mission, Maurice Leblanc parlera de l’inspecteur Gallimard à la poursuite du voleur. Vous referrez alors la même histoire mais dans la peau du policier. Même histoire mais autres énigmes, autres déductions et autres mystères.
Cette originalité est assez agréable à jouer et assez subtilement réalisée pour ne pas s’ennuyer sur une même nouvelle. Cela permet à Microïds d’ouvrir les mécaniques de jeu et de rallonger la durée de vie de ce titre qui ne tombera pas dans le piège de la redondance. Bon point.
Plus surprenant qu’on aurait pu l’imaginer
Mais pour commencer à vous atteler à la mécanique de contrôle des personnage vous débuterez avec la cape et le haut de forme d’Arsène pour le vol de l’œuf de Fabergé. Ce tutoriel vous rassurera tout de suite sur la facilité de contrôle et l’ergonomie bien pensée de ce titre décidemment plus étonnant qu’il semblait l’être au départ.
De là, vous pourrez contempler des graphismes très colorés un peu dans le ton des bandes dessinés, qui eux aussi nous ont paru assez originaux. Alors évidemment n’espérez pas “le grand soir”. Vous connaissez Microïds et sa gestion “auvergnate” des budgets. On le sent, c’est serré, alors forcement chez l’éditeur parisien, on en fait mais pas trop. On met de la couleur mais attention à ne pas faire trop frais non plus. Résultat : une technologie assez simple, pas fioritures et croyez-nous votre PC ne souffrira pas des masses. Certains y pourraient presque voir une appli pour téléphone… Haha, c’est d’ailleurs surement prévu. Sacré Microïds ! Vous connaissez l’adage : “un choux est un sou”? C’est un cantalien qui vous le dit:).
Donc, on l’a vu, les cartes graphiques ont été mises au “régime jockey” mais cela n’empêche pas pour ce type de jeu de ressentir un effet plaisant de légèreté et surtout de clarté, bien utile ici, on en reparlera.
Pas si mal
En dépit d’une simplicité technique évidente, finalement, le visuel nous accroche par son originalité et sa personnalité. Et c’est tant mieux car il est accompagné par une bande sonore globalement inspirée. Oh, rassurez-vous, on ne enverra pas vers les succès d’avant guerre sur gramophone. Faut penser aux jeunes tout de même. Malgré tout, Microïds n’a pas oublié les petits clins d’œil en ajointant ça et là des morceaux classiques de l’époque (de la belle époque aux années folles). Si vous êtes expert comme votre serviteur, vous entendrez les chanteurs parigots oubliés comme Georges Milton ou la feue Fréhel en fond de ces conversations nocturnes aux coins du feu entre Maurice et Arsène. Très sympathique.
Coté son, les voix françaises ont été réalisées avec soin malgré une bourse là aussi surement un peu légère. Même si les budgets ont été surveillés, on sent un vrai engouement pour faire vivre les acteurs de l’aventure, avec des dialogues bien construits et plutôt amusants. Les sons sont correctes, dans la moyenne, et ajoutent leur pesant à un ensemble artistique globalement convaincant.
La mécanique fonctionne
Visuellement ok, musique ok, mais qu’en est-il de la mécanique du jeu. Et bien là aussi on s’accroche à ce titre finalement attachant et Arsène Lupin n’y est surement pas étranger. Les scenarios assez complexes et son lot de surprises ne viennent pas de nulle part. Lisez les romans du cher Maurice et croyez-moi vous ne lâcherez plus votre bouquin ;).
Pour Microïds tout était donc là. La difficulté était de mettre en valeur ce capital par une ergonomie réfléchie et un sens de l’analyse expérimentée. C’était comme une sorte de puzzle géant où chaque pièce représenterait une partie de l’œuvre de Maurice Leblanc. Alors, vous partirez dans des musées, dans des châteaux et même faire une croisière qui nous beaucoup rappelé un autre jeu français de Delphine Interactive (Another World, Flashback) : Croisière pour un cadavre ! Quel souvenir…
Dans chacun des environnements, vous aurez des affaires à résoudre, évidemment. Soit pour enquêter sur le vol (d’Arsène) soit pour voler vous-même un objet. Comme on l’a vu plus haut, les angles de vue et les interprétations seront différents et tout ça rend le gameplay assez piquant.
Faudra faire fonctionner vos méninges… enfin pas trop quand même!
Des affaires et donc des objectifs à atteindre. Ces objectifs seront des témoignages, des observations et des analyses. Et là on touche à un ajout intéressant dans le jeu : la carte mentale. Celle-ci reconstituera toutes vos trouvailles et permettra de les mettre en interactions entre les lieux visités, les évènements notables et les objets glanés au cours de l’enquête. Lorsque vous aurez tout réussi à relier, vous obtiendrez une conclusion. Un peu “cluodesque” me direz-vous.
La carte mentale se constitue également de quelques puzzles. Cela pourra prendre forme d’une reconstitution avec des évènements à mettre dans l’ordre, un code de coffre à trouver pour obtenir un indice et ainsi de suite. A la suite de cela, vous obtiendrez une conclusion à l’affaire. Et honnêtement cette mécanique, là encore simple à comprendre, fonctionne plutôt pas mal dans l’ensemble.
Malgré tout, cela reste assez simple car vous serez largement guidé si vous faites un faux pas. Et oui vous connaissez Microïds : il faut que le jeu touche un (très) large public. Notamment les enfants. Aussi, les détectives chevronnées ne trouveront pas leur compte, c’est un fait. Néanmoins, même s’il ne s’agit pas d’un jeu multijoueur c’est tout de même très agréable de faire le jeu en famille avec son fiston ou sa fi-fille ;). On avance tranquillement, plaisamment, pour terminer le titre en un peu plus de 10h environ.
Affaire conclue
Voilà un roman graphique qui nous a surpris. Avec des graphismes colorés, quoiqu’un peu peu juvéniles, des mécanismes bien pensés, tournés vers un jeune public et la famille, Microïds a réussi à dépoussiérer avec élégance un personnage haut en couleurs injustement oublié. Les scenarios sont suffisamment bien construits pour vous accrocher dans ces aventures rocambolesques et vous trouverez assez de subtilités pour ne pas vous ennuyer . On pourra juste lui reprocher une forme de guidage un peu trop marquée qui aurait pu être effacée avec un mode difficile absent et un prix peut-être un peu ambitieux au regard d’une technique légère, budgets serrés obligent. Cependant, comment passer à coté de ce voleur si malicieux et si attachant en vivant ses aventures par un jeu vidéo? Microïds nous le propose ; alors pourquoi ne pas le tenter?
Verdict
Pour connaître les critères de notre système de notation, visitez cette page.
Prenez note que la version testée est celle sur PC. Le jeu est également disponible sur PS5, PS4, Xbox Series, Xbox One et Switch.
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