Test du jeu Nazar (PC)

19 novembre 2024

Embarquez dans une aventure révolutionnaire et découvrez un univers né de la fusion entre la FMV et le jeu de plateforme

Merci à Eray Dinc Studio et SuperIndie Games qui nous ont gratuitement fourni une copie du jeu afin d’en faire la couverture médiatique et le test. L’éditeur/développeur nous autorise par conséquent à diffuser et/ou utiliser des extraits du jeu pour nos besoins de production et n’intervient d’aucune façon dans l’attribution de la note finale.

Par où commencer…

Nazar… voilà un jeu bien étrange… Nazar comment définir un tel projet? A sa découverte, j’avoue avoir été perplexe au départ. Puis, je fus finalement piqué d’une curiosité qui se fait diablement rare aujourd’hui. En tant que testeurs de jeux, nous ne recherchons pas seulement les évidences trop visibles, mais surtout les surprises qui sont parfois dissimulées sous un tas de sorties, notamment sur la plateforme de Valve (Steam).

Mais Nazar c’est autre chose. Avec ce titre vous entrez dans le mysticisme. Et pas seulement. Nazar c’est plutôt un carrefour entre technologie et folklore, entre tradition et science et entre rationalités occidentales et émotions orientales… Bref, Nazar c’est beaucoup de choses et peut-être un peu trop, on le verra plus tard.

Folklore et techno

Tout d’abord, Nazar c’est un personnage et ça veut dire (après recherche) le mauvais œil… bigre ça commence mal cette histoire… Mais c’est aussi un royaume entre ombre et lumière, dans la région du Cappadoce en Anatolie. Une région tout à fait inspirante de reliefs qui dessinent des rêves, des mondes insolites, parfait pour vous plonger dans un envoutement déroutant. Manifestement, le studio Eray Dinc veut vous faire quitter la Terre.

Et pour vous perdre, rien de mieux que d’utiliser l’art ancestral d’ombres turcs pour noircir les personnages et les révéler à la lumière ocre des paysages. Et avouons-le, ça fait mouche d’entrée. Le titre allie la tradition visuelle 2D et la technologie du FMV (Full Motion Video) pour animer les personnages avec réussite. Mais arrivons à ce qui nous intéresse vraiment : l’histoire!

La quête cinématographique

Vous êtes donc Nazar, voyant mystique, sorte d’agent psychique. Appartenant au groupe Misal, vous avez consacré votre vie tout entière à la lutte contre ceux qui oseraient abuser du pouvoir de clairvoyance (soit l’ESP on le verra plus tard). Armé d’un mélange de connaissances ésotériques du passé et de technologie quantique du futur, vous devez affronter l’infâme Ordre de Fatum, en plein cœur de cette fameuse région du Cappadoce.

Outre vos pouvoirs visionnaires, il vous faudra garder l’esprit clair et avoir recours à votre fidèle assistante, Tela, afin de réaliser cette mission. L’aventure cinématique de Nazar vous ferra traverser des paysages légendaires, rencontrer des anciens d’une grande sagesse, jusqu’à découvrir le grand mystère, clef de la quête : la cité souterraine de Derinkuyu. Tout un programme.

Devant tant de complexités, le studio turc a choisi de vous offrir la technologie du FMV. Aussi, vous pourrez bouger votre mauvais œil (enfin…Nazar) comme un jeu de plateforme sur des plan fixe 2D filmé, tableau par tableau, et progresser dans l’aventure. Simple sur le papier, on imagine aisément le tour de force pour le studio dans la réalisation de ce projet.

Des cartes pour jouer

Mais où ça se complique, c’est que pour avancer dans ce mythe, entre rêves et réalités, il vous faudra mesurer vos facultés extrasensorielles au moyen des cartes de Zener. C’est le point central du titre. C’est ce jeu de cartes qui vous donnera les points d’ESP (ou clairvoyance faut suivre!) nécessaires, du temps en secondes si vous préférez, pour avancer votre personnage sur les plans filmés. Car dans Nazar tout est chronométré, on y reviendra.

Les cartes de Zener ? Je vous sens curieux d’un coup… Et bien les cartes de Zener est un jeu de 25 cartes comportant des symboles suivants : cercle, croix, vagues, carré, étoile à cinq branches. Inventées vers 1930, elles ont été utilisées pour des recherches sur la télépathie, effectuées dans le domaine de la parapsychologie.

Véritable instrument de prescience, ces cartes vous serviront d’indicateur pour avancer dans l’aventure, on l’a vu. Durant ces phases de télépathie, le jeu ressemble plus ou moins à un simple jeu de cartes type solitaire sur un bout de table. Il faut deviner le symbole de la carte caché parmi les 5 éléments. Mais en vrai, il s’agira d’une phase cruciale pour espérer obtenir le plus de réponses correctes possibles et donc d’ESP. Plus vos facultés de télépathie se développeront, plus le chemin tracé pour progresser dans cette aventure ubuesque vous apparaîtra clairement. Explications.

Entre frustrations et lassitudes

Revenons aux plans 2D. Votre personnage devra, on l’a dit, traverser des plans fixes filmés d’un bout à l’autre pour progresser. Pour ce faire, il y a un chemin à découvrir. Pour voir où passer, il faudra de la clairvoyance, donc de l’ESP et donc réussir aux jeux de carte Zener…

Autrement dit, et pour dire les choses de manière plus prosaïque, pour avancer Nazar, il faut jouer aux cartes de Zeiner, obtenir de l’ESP et avancer dans les tableaux 2D sous un temps compté. Mais malheureusement dans Nazar, une fois qu’on a bien compris la mécanique de jeu, on va vite s’ennuyer et pas que…

Comme évoqué précédemment, le temps est compté dans le titre. Il faut de l’ESP pour obtenir du temps et forcement on en aura jamais assez pour passer de nombreux tableaux et découvrir les bon chemins. Une fois la frustration passée, il faudra rejouer aux cartes Zener… un fois, deux fois, trois fois… pour espérer avancer. Et, croyez-nous, revenir rejouer aux cartes à chaque fois pour espérer jouer 3 min avec Nazar finit par devenir exaspérant.

Cela ne fonctionne pas bien

Aussi n’espérez pas de l’action prenante puisque votre temps sera compté. De plus n’espérez pas non plus avoir beaucoup de temps car en moyenne, on ne devine que 20% des cartes cachées dans le jeu… alors ce ne sont que les va-et-vient bien ennuyeux, entrecoupés par des dialogues parfois déroutants assez haut perchés, qui feront consensus!

Et puis on y retourne. Des jeux de cartes, de l’ESP pour espérer jouer un peu… que c’est frustrant et mal fichu finalement. Le rythme de tout ça est sous la coupe du chronomètre et totalement déséquilibré par ces incessantes phases de jeu de cartes qui auraient pu être traitées autrement.

Et même avec beaucoup d’ESP (ou de clairvoyance) les chemins mis en évidence sont parfois tellement sinueux qu’il est vraiment difficile de faire avancer le personnage. Pire, Nazar étant très sombre et très petit sur l’écran vous finirez par le perdre visuellement parfois dans le dédale de grottes et de cavités des tableaux proposés. Visuellement ça fonctionne très mal.

Alors il faut parfois revenir en arrière tout en surveillant le chronomètre qui tourne et qui finit par vous renvoyer au début, sans oublier la partie de cartes… Au secours? Cette laborieuse mécanique de jeu n’est en outre pas aidée par la jouabilité. Nazar est difficile à faire avancer par moment et ne répond pas toujours au doigt et à l’œil. Alors évidement, cela accentue encore plus l’impact désastreux sur le capital affectif du titre qui aurait pu pourtant se montrer sous un autre jour.

Hélas le rationnel l’emporte

Tout partait pourtant bien. Un scenario certes complexe mais surprenant, des paysages ébouriffants, une musique envoutante et des personnages évocateurs. Oui mais où est la place du joueur dans tout ça? Où est son divertissement ? Il se résume à la contemplation, à la lecture de lecture de dialogues, et seulement à quelques phase d’actions pour le moins laborieuses. Si le studio a bien tenté des faire des efforts d’originalité afin de nous faire rentrer dans ce monde étrange, le joueur lui ne subira que l’ennui de parties peu palpitantes né d’une mécanique de jeu bancale et de répétitions réduisant à néant l’envie de rejouer. C’est vraiment dommage dans le sens où le jeu offrait de beaux atouts sur la forme. Hélas le fond, lui assez mal pensé, ne récompense jamais le joueur qui finira par se lasser des cartes de Zener, du quantique et de bien d’autres concepts qui auraient pu nous faire décoller de nos réalités, surtout au prix proposé (moins de 15$ CAN). Regrettable.

Verdict

75%

Visuel

75%

Audio

45%

Gameplay

45%

Rejouabilité

Ce qu'on aime beaucoup

Concept avant-gardiste
Paysages fabuleux
Musique soignée

Ce qu'on aime moins

Frustration des phases d’action
Mécanique de jeu peu intuitive et rébarbative

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Prenez note que la version testée est celle sur PC.

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Frédéric Bouquin

Toujours à la recherche de sources positives il aime rire, comprendre et transmettre. Passionné d’Histoire, de géopolitique et de musique il est épanoui dans sa vie de papa comme dans sa vie professionnelle. Depuis 40 ans déjà il vit un attachement fidèle avec le jeu vidéo notamment les jeux de stratégie.

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