Studio: Best Way | Éditeur: Fulqrum Publishing | Parution: 15 mai 2024 | Genre: STR| ESRB: E (Tous) | Disponibilité: PC (15 mai 2024) | Format(s): Numérique | Langue(s): Français écrit | Durée: NC | Prix: 57.99$ CAN / 44,99€
Marre de la seconde guerre mondiale? Comment ça soldats!… Silence dans les rangs! On repart gaiement en campagne avec Men of War! Non mais…
Merci à Best Way et Fulqrum Publishing qui nous ont gratuitement fourni une copie du jeu afin d’en faire la couverture médiatique et le test. L’éditeur/développeur nous autorise par conséquent à diffuser et/ou utiliser des extraits du jeu pour nos besoins de production et n’intervient d’aucune façon dans l’attribution de la note finale. #Article13Free
Un peu d’histoire
Men of War est une vieille franchise née dans le sillon du succès de Faces of War, un jeu tactique sorti sur PC en 2006. A la suite de cela, les éditeurs 1C Company, 505 Games et d’autres encore ont donc poussé les Ukrainiens de Best Way à tramer l’histoire militaire de Men of War II autour du plus meurtrier de tous les conflits, la seconde guerre mondiale.
Une saga s’est donc construite, conquérant au passage le cœur des joueurs grâce à une succession de sorties environ tous les trois ans en marge d’une autre grande saga fleurissant sur le même conflit : Company of Heroes.
Une compétition puis le vide
Compétition ou non, il est évident que les deux franchises étaient en concurrence. De ce fait, elles ont grandement participé à l’amélioration des jeux STR sur PC, poussant toujours plus loin les limites techniques visuelles.
Et puis la compétition s’est endormie au milieu des années 2010. Et oui, plus rien jusqu’à l’année dernière, période à laquelle Sega a annoncé son troisième épisode de Company of Heroes. Très attendue également, la saga ukrainienne ne s’est évidemment pas fait attendre. Toutefois, celle-ci a subi un sursis très important puisqu’elle aurait dû initialement sortir en octobre 2023. Un retard qui se révèle préjudiciable et qui a forcément affûté l’exigence légitime des fans. Et soyons franc d’entrée, le résultat ne comblera pas leur attente.
Alors que Company of Heroes 3, sans être une énorme surprise, sans grande ambition, avait toutefois assuré ce que pouvait espérer les aficionados, notamment avec sa carte stratégique ; hélas, il en est tout autrement de Men of War II.
On aurait pu bien s’entendre…
D’entrée de jeu, mauvaise surprise, puisque l’on repart sur la deuxième guerre mondiale… entre nous d’autres conflits souvent oubliés auraient pu nous faire « plaisir » : conflits en Irak, Afghanistan ou pourquoi pas en Ukraine comme acte de résistance. Autre mauvaise surprise, puisque l’on se voit infliger l’attente de la connexion au serveur qui traine en longueur… Cela ne rassure pas pour la suite. Pas de cinématique introductive, une simple interface qui ne paye pas de mine, une fois la connexion acquise.
Néanmoins, nous sommes quelque peu rassurés en parcourant l’interface offerte : plusieurs campagnes au nombre de trois (soviétique, américaine et allemande), plusieurs missions sur l’histoire, ainsi qu’une partie Multi (inévitable aujourd’hui) bien mise en avant. Il ne faudrait pas oublier non plus un didacticiel assez lourd permettant d’acquérir les modes de « fonctionnement » du jeu, mais attendez de lire la suite…
Que c’est vieillot chez vous!
Hélas, la jolie balade s’arrête là puisque lorsqu’on lance la première campagne (en Russie c’est d’actualité) nous sommes confrontés à ce que l’on pourrait appeler une « poussée temporelle arrière » tant l’aspect visuel nous renvoie à une période immémoriale des jeux vidéo. Un vrai retro freinage et pourtant c’est pas du retro !
En effet, nous sommes très surpris de l’ensemble des environnements simplistes, ternes et sans vie que nous propose en 2024 ce Men of War II. D’aucuns diront que l’importance est autre ; mais « le beau est aussi utile que l’utile » comme aurait dit le père des Misérables et l’esthétique participe grandement à l’immersion scénaristique. Tout compte.
Une vétusté qui fâche un peu puisqu’après toutes ces années, en comptant le bonus de retard, on aurait pu prétendre à quelque chose de plus impactant ou actuel tout simplement. Par conséquent, ce n’est pas avec ce visuel que la saga saura faire de l’ombre à son grand concurrent, qui prend le large de ce point de vue-là. Les modélisations sont convenables, tout juste dans la moyenne mais déjà d’autres points fâchent encore…
Obsolescences par ci par là
La recherche de chemin des unités (pathfiding) est disons-le raté et souvent vous verrez des comportements dignes de l’hôpital psychiatrique de Sainte-Anne. Un char qui n’arrive pas à franchir sur un pont, un soldat ne pouvant pas ramasser un item juste devant lui ; bref encore quelques mauvaises surprises à mettre au crédit -ou plutôt au débit devrait-on dire- du développeur dont on se serait bien passé.
Nous pourrions tout aussi bien parler des animations. Les soldats se comportent étonnement ou plutôt désagréablement comme des robots ; très séquencés, hachés, là aussi avec une certaine odeur âcre d’obsolescence. Très vite, nous nous rendons compte que cela ne met pas le titre à hauteur de l’année 2024 d’un point de vue réalisation.
On reste moyen là aussi
Pour le reste, les explosions sont juste correctes et les impactes ou le feu des tirs tout juste dans la moyenne.
Coté sonore, les musiques passent inaperçues. Les sons sont assez nombreux mais ne brillent pas d’excellence non plus. Les canons tonnent avec modération, le bruit des balles n’effraieraient pas une mouche, quant aux dialogues… parlons en justement des dialogues ! Ils sont envahissants notamment durant l’action et disruptifs puisque toujours présents là où il ne le faudrait pas. Trop de blablas et surtout pas le temps pour lire ce charabia d’autant plus que c’est en anglais. Notez que l’on a peut-être évité du français façon « Papa Shultz »… Quoi qu’il en soit et même en cherchant bien, la partie artistique, vous l’avez compris, est loin d’obtenir une récompense quelconque. Malheureusement, le temps des lamentations ne s’arrête pas encore là.
Attends, c’est pas fini!
« De ma vie de joueur !!! » (il faut bien rigoler un peu) je n’ai jamais été confronté à un jeu pareil sur le champs de bataille de la seconde guerre mondiale. En dehors de la forme visuelle discutable dont on vient de parler, le fond, s’il devait être défini en un mot, est tout simplement chaotique. Le moins que l’on puisse dire c’est que l’on souffre en jouant et la jouabilité en pâtit grandement. Tout est confus, hasardeux ou brouillon : faites votre choix ! Voyons pourquoi.
Il suffit de voir l’écran de jeu et tous les boutons d’action essemés de manière alambiquée pour s’interroger sur la capacité des développeurs à raisonner. Trop de boutons d’action, trop d’interfaces et surtout trop peu d’ergonomie. Best Way et simplicité sont deux mots totalement opposés. Oui, on se demande vraiment comment s’articule la logique dans l’esprit de nos développeurs ukrainiens.
En fait, on n’a pas le temps de prendre du plaisir puisque l’on est sans arrêt en train de chercher ce qu’il faut faire pour réaliser telle action ou ce qu’il faut faire pour parvenir à l’objectif et ainsi de suite. Le plaisir que l’on aurait pu trouver dans ces campagnes relativement intéressantes est complément annihilé par l’absence de pertinence et de clarté.
Pas fameux, un exemple?
Un premier exemple (parmi tant d’autres) : je dois bouger une section de 5 soldats d’un point à un autre. Quelque chose de bigrement simple à faire mais qui devient tout de suite pénible dans Men of War II. Sur les cinq soldats de l’unité le système en a mis trois en station debout et deux autres à ramper sur le ventre ! Pas moyen de trouver un bouton pour rompre ce spectacle calamiteux de lenteur puisque les trois debout solidaires attendent désespérément les deux autres trainant derrière… et évidemment tout cela sous le feu nourri de l’ennemi.
Du jamais vu. Défaite assurée mais surtout agacement garanti. Les bras nous en tombent… Je ne parlerai même pas de la sélection archaïque des unités et croyez-moi vous finirez par en perdre la raison tant il est pénible de savoir instantanément, comme dans n’importe quel bon jeu, où sont vos troupes, leur état et ainsi de suite.
Deuxième exemple…
Encore un cas ? l’approvisionnement. Si le concept semble intéressant dans la théorie, celui-ci s’avère carrément tortueux dans l’action. Prenons un exemple. Un char durant une attaque doit être approvisionné en carburant. Là aussi une action qui devrait être très simple à exécuter. Alors tenez-vous : il faudra appeler un camion par une interface en haut à droite, puis cliquer sur un bouton « 1 » (pourquoi ?), puis cliquer sur le véhicule souhaité, puis… refaire l’opération car évidemment rien ne se passe… Le camion-citerne que l’on suppose arriver près du char en attente, finira par arriver mais ne sera en fait d’aucune utilité. Pourquoi ? Et bien parce que le camion-citerne doit préalablement construire un dépôt carburant.
Après vous être arraché tous les cheveux de la tête pour trouver le bouton dédié, vous devrez encore attendre que le camion-citerne se remplisse. Après seulement tout ce tumulte, le camion pourra alors renflouer le réservoir du char… qui, depuis, a eu le temps de se prendre au moins 15 obus anti-char ! Moral de l’histoire : c’est tellement lent, tellement laborieux et surtout inutile qu’on a juste envie de laisser tomber tout ça. C’est dans ce genre de moments que l’on sent le plaisir s’évaporer.
Morne plaine
Cette incompréhension se rallie également à un autre constat qui n’ajoute pas à la joie ambiante. La difficulté est très élevée et ce d’entrée, même au niveau le plus facile. Souvent le test d’un titre se fait avec une difficulté modérée afin d’analyser et de comprendre en toute plénitude l’ensemble des caractéristiques d’un jeu.
Mais avec ce titre vous n’avez pas le temps ! Et comme le scenario part dans tous les sens, comme vous êtes englués avec ces maudites boites de dialogues qui n’en finissent pas, et enfin comme vous êtes accompagnés d’un vrai désordre ergonomique, vous comprenez rapidement que Men of War II ne vous apportera absolument aucun plaisir.
Sonnez la retraite!
Alors qu’il aurait dû devenir une vraie alternative à Compagny of Heroes 3, Men of War II ne nous apporte qu’embarras, complications et désagréments. Le charme est rompu par tant d’incohérences qui, entre nous, relèvent du génie. La guerre en Ukraine n’est surement pas étrangère à ce constat. Le studio n’a probablement pas été dans les meilleures conditions pour réaliser dans le calme cette réalisation qui s’avère donc très décevante.
Sans surprises, les premiers commentaires dans Steam sont impitoyables et malheureusement nous sommes obligés de nous y rallier. Peut-être, sommes-nous en face de la “Grande déception” en matière de jeux STR pour l’année 2024. A éviter, surtout à ce prix-là.
Verdict
Pour connaître les critères de notre système de notation, visitez cette page.
Prenez note que la version testée est celle sur PC.
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