Après 17 ans, avez-vous encore l’honneur du chevalier?

Merci à Black Sea Studio et THQ Nordic qui nous ont gratuitement fourni une copie du jeu afin d’en faire la couverture médiatique et le test. L’éditeur/développeur nous autorise par conséquent à diffuser et/ou utiliser des extraits du jeu pour nos besoins de production et n’intervient d’aucune façon dans l’attribution de la note finale. #Article13Free

Un retour pas très attendu

Le studio bulgare nous revient 17 ans après Knight of Honor, pour enfin nous donner une suite du nom de Knights of Honor II – Sovereign ! Black Sea Games a de la suite dans les idées mais il est dommage de ne pas avoir découvert cette suite plus tôt. Gageons à ce que le troisième épisode ne sorte pas en 2039 !

Quoi qu’il en soit, après un étonnement légitime sur la distance temporelle existante entre les deux titres, nous retrouvons un jeu qui propose à peu près le même objectif : devenir le roi le plus puissant d’Europe du moyen-âge (et donc du monde) et prendre le contrôle de l’ensemble du continent. Rien que ça.

Pour se faire, la nouvelle mouture va nous proposer quelques nouveaux items nécessaires pour donner du crédit à cette suite tardive. D’une part, on notera un développement de ce qui existait il y a 17 ans notamment sur la partie « gestion », qui se réalise sur la carte stratégique. Et d’autre part, l’ajout d’une carte tactique STR, qui néanmoins existe depuis longtemps sur ce type de jeu notamment par la série Total War. Cette option permettra de pouvoir vivre les combats féodaux en temps réel (STR).

Ce n’était pas de trop pour nous convaincre dans cette suite dont, disons-le franchement, nous n’espérions plus grand chose.

Un habillage perfectible

Malheureusement, cette impression mitigée se confirme dès le lancement. Temps de chargement long, pas de tutoriel, nous lançons, non sans une certaine appréhension, la grande campagne, point essentiel du jeu. De très nombreuses factions, peut-être pas toutes nécessaires, sont présentes pour le choix dans ce mode campagne avec un mode de difficulté paramétrable. Pour le test, c’est la faction du Royaume de France qui a été prise en compte.

Et là, nous sommes tout de même un peu embarrassés lorsque la carte générale (vue stratégique) s’affiche devant nos yeux. Rappelons que cet écran sera celui qui nous accompagnera 90% du temps passé… Alors, c’est une franc désappointement qui dessine le premier ressenti. Que cela soit la modélisation des montagnes, le contour du littoral, l’effet d’écoulement des fleuves, tout porte à croire que le studio n’a pas mis de gants pour nous offrir une carte que l’on pourrait être en droit d’attendre en 2022. Cette impression critique nous oblige à vérifier les paramètres graphiques… mais rien y fait, en faible comme au maximum, il ne sort rien de moderne d’un point de vue visuel.

Cette faiblesse technique ressort, hélas, plus fortement encore sur la carte tactique où les éléments d’environnement (arbre, bâtiment) font penser à un jeu pour le moins « moyenâgeux ». Est-ce pour autant de circonstance ? Ainsi, on s’étonnera d’autres bizarreries comme d’observer des montagnes au nord de Paris… Grande déception, qui ne se consolera pas non plus dans les autres cartes (diplomatique par ex) qui rappelle les premiers jeux de la série Europa. D’autres éléments, tels que les portraits de nos chevaliers et rois n’ont pas été non plus très inspirés, c’est le moins que l’on puisse dire.

Une ambiance musicale réussie

Cette suite n’est dont pas très séduisante. Coté son, c’est tout de même meilleur, avec des morceaux assez nombreux qui vous accompagneront tout au long des longues heures de jeux que vous offrira le titre. Des morceaux assez connus ont été réorchestrés avec goût de manière générale. Dommage que la partie graphique n’ait pas profité de la même ardeur.

Heureusement, sorti de cette enveloppe médiocre, le jeu offre une certaine profondeur qui séduiront les fans du genre.

Un contenu assez copieux

Tout d’abord, la partie gestion. Celle-ci est exploitée par une interface plus ou moins claire qui décline cette gestion sous plusieurs axes. Évidemment le budget. En effet les finances seront toujours un souci permanent pour assouvir vos conquêtes. L’argent vient du fruit de vos terres, bien sur, généré par vos fermages et des taxes de l’église. Mais cela ne suffira évidemment pas pour combler vos différents objectifs. Il faudra dont créer des ressources, en complexifier d’autres, grâce à un système d’amélioration dans les villes qui sont le vrai cœur de la partie gestion. 

L’argent c’est aussi l’échange et le commerce. Aussi, il faudra créer des relations diplomatiques favorables pour créer des routes commerciales par lesquelles pour pourrez vendre à prix d’or vos nouvelles denrées dans des pays qui finiront par en dépendre. Le Moyen Age c’st aussi la place centrale de la religion. La piété et l’éducation ont été également bien mis en valeur pour améliorer votre élite, principale composante de la cour du roi. En effet, les livres et la piète serviront à former « vos gens » pour les rendre plus efficaces dans les différentes missions sur lesquelles vous les assignerez.

Enfin la gestion, c’est aussi la nourriture et le capital humain. Les fermes produisent la nourriture pour votre royaume ou vos armées. Le facteur humain est un ajout très utile pour la constitution de la main d’œuvre nécessaire dans vos travaux d’amélioration et dans la mise en place de vos armées.

On ne s’arrête pas là

Mais la gestion ne s’arrête pas là. Il faut constamment répondre aux demandes intérieures et extérieures pour espérer survivre dans cette Europe brutale. La noblesse, le clergé et vos paysans sont les opinions qu’il faut ménager afin de conserver la stabilité requise pour votre gouvernement. Alors attention à la prise de décision. Vous ne pourrez pas contenter tout le monde ; à vous de prioriser vos choix afin d’éviter toute rébellion.

Autre intérêt, la gestion de la cour autour du roi. Il faudra diriger des diplomates pour s’entendre avec vos voisins, des espions pour intriguer à l’extérieur, des marchands pour croître vos ressources, des ecclésiastiques pour gérer le Vatican et bien évidemment des maréchaux pour passer à l’action ! Chacun se verra octroyer de missions afférentes à leur rang et chacun aura des aptitudes assorties selon les choix d’éducation que vous aurez pris en compte à leur entrée dans le gouvernement.

Ces personnages, évoluent, peuvent être influencés, mais ils finissent par mourir. Il faudra donc les remplacer et faire des choix pour les garder (ou non) tout au long du jeu en fonction de leur efficacité. Cette complexité est intéressante et vous tiendra en haleine longtemps. Domme qu’elle ne soit pas mise en valeur par l’intermédiaire d’une interface plus claire.

Calamiteux coté STR

Du point de vue militaire, vos maréchaux conduiront vos armées selon vos priorités sur la carte stratégique. Elles dresseront des sièges ou mèneront le combat sur le champ de bataille, avec ou sans alliés, et ça c’est bien vu. Vous ne serez pas obligé de participer à ces combats. Mais, si vous le souhaitez, vous pourrez vous-même diriger l’armée sur le terrain.

Hélas, le champ de bataille ne vous donnera pas envie d’y retourner souvent. Outre le médiocre rendu visuel dont nous avons déjà parlé, les batailles rangées finissent rapidement dans un chaos indescriptible. Dans la mêlée, l’animation des troupes n’aidant pas, il est bien difficile de distinguer vos gens de vos ennemis. Plutôt rigide, la vue en général n’est pas aidée par les possibilités à la souris.

Pas de rotation, pas de zoom arrière significatif, vous ne pourrez pas vraiment trouver du plaisir dans cette zone de combat mal conçue et finalement inutile. Le studio n’a rien appris des productions déjà réalisées. On pense naturellement à Total War, maitre du genre depuis 20 ans déjà !

L’honneur est sauf

Attendu depuis longtemps, ce Knights of honor 2 ne vous surprendra pas. Desservi par une plastique peu enviable et une partie tactique plutôt bâclée dans l’ensemble, le jeu peine à nous convaincre réellement. En dépit d’une profondeur de la partie gestion et d’une durée de vie malgré tout importante, le titre de Black Sea Studio ne persuadera pas tout le monde, faute à une technique un peu désuète. Seul les wargameurs pourront y trouver la foi dans ce jeu « médiéval » aussi bien sur un plan contextuel que sur un plan technologique.

Verdict

Test de jeu - Score 7

60%
Visuel
70%
Audio
85%
Gameplay
80%
Rejouabilité
Ce qu'on aime beaucoup
  • Ambiance sonore
  • Contenu gestion conséquent
  • Nombreuses factions
Ce qu'on aime moins
  • Partie STR quasi inutile
  • Graphisme désuet

Pour connaitre les critères de notre système de notation, visitez cette page.

Prenez note que la version testée est celle sur PC.

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Frédéric Bouquin

Toujours à la recherche de sources positives il aime rire, comprendre et transmettre. Passionné d’Histoire, de géopolitique et de musique il est épanoui dans sa vie de papa comme dans sa vie professionnelle. Depuis 40 ans déjà il vit un attachement fidèle avec le jeu vidéo notamment les jeux de stratégie.

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2 commentaires

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  • Après la lecture de votre test, je m’attendais à un 4 ou 5. Un 7, compte tenu des nombreuses critiques que vous formulez, c’est franchement pas mal !

    Je suis d’accord avec les problèmes de caméra, c’est un des gros point négatif du jeu, mais on s’y fait. On a trop l’habitude de pouvoir dézoomer comme dans un total war ou CK. Je pense qu’il faut vraiment se détacher de ces derniers.

    En revanche, pas du tout d’accord avec les critiques concernant le design de la map. Je trouve qu’elle fait justement très moyen-âge cette map, cela met bien dans l’ambiance.

    Les batailles STR, je les trouve plutôt sympathique je dois dire. C’est un petit plus qui permet de couper quand on a passé assez de temps sur la partie gestion. Les unités ont un certains charme, ça fait un peu cartoon je trouve. Ici, le dézoom serait vraiment vraiment pas de refus, c’est parfois compliqué de sélectionner les unités comme on le désire.

    • Nous avons mis un 7 dans la mesure où le jeu procure une certaine richesse et différents contenus qui permettent, et c’est l’essentiel, d’offrir un plaisir satisfaisant. En revanche, ce n’est qu’un 7, donc correct mais sans plus, car il souffre d’un retard technique qui, s’il n’apparait pas prégnant au premier regard, se ressent au fil des heures et surtout face à ses concurrents.

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